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Ah ! Frontière quand tu nous tiens ! »

« Les frontières sont des cicatrices bizarres, qui font du bien quand elles s’ouvrent, et font mal quand elles se referment » Bernard PIVOT (tweet, le 15 septembre 2015).

Connaissez-vous l’histoire ?

Connaissez-vous l’histoire de celui qui avait pris la tête d’une association contre l’installation d’une antenne téléphonique dans son quartier, et qui dès la première réunion à la mairie locale pestait parce que son téléphone captait difficilement ?

Connaissez-vous l’histoire de ces deux jardins collectifs tout près de chez nous, où pour l’un on a mis des haies entre les parcelles, et pour l’autre on accède sans obstacle d’une parcelle à l’autre ? Ce dernier se porte beaucoup mieux socialement !

Connaissez l’histoire de cet homme qui vient de lire un article sur les dangers de l’alcool ; qui lui a vraiment foutu la frousse… donc à compter de ce jour il décide d’arrêter… de lire !

Connaissez l’histoire de celui qui ne trouve pas de travail parce qu’il est trop jeune ; et à peine a-t-il travaillé quelques années qu’on lui refuse à nouveau le travail, cette fois parce qu’il est trop vieux ?

Connaissez-vous l’histoire de celui qui, au travail, à force d’ignorer ses émotions et ses désirs, et le fossé grandissant entre ses valeurs et ses actes, a craqué… et est passé du côté « burn-out » ?

Connaissez-vous l’histoire de ces femmes qui, à travail et valeur ajoutée comparables, sont systématiquement payées moins cher ?

Connaissez-vous l’histoire de celui qui déstabilisé par l’évolution du monde du travail, avec l’influence d’internet, de l’ubérisation, de la mondialisation, se ferme quand il devrait s’ouvrir, s’empêche de voir les opportunités qui s’offrent à lui, et donc cherche des boucs émissaires qu’il a vite fait de baptiser « étrangers » ?

Connaissez l’histoire des « No Borders » (pas de frontières en anglais) qui militent pour l’abolition des frontières et la liberté de circulation ? Pour eux les migrants sont des personnes « en voyage ». Ils ont été par exemple les premiers à protéger et mettre à l’abri les femmes migrantes de Calais. Mais ces groupes sans hiérarchie ni représentants officiels, ça ne se fait pas voyons !, sont classés par les médias de nos pouvoirs actuels dans la catégorie des anarchistes d’ultra-gauche et servent de boucs-émissaires à nos instances de pouvoir. Ils les dérangent par le bruit et l’éclairage de situations qu’elles souhaiteraient rester discrètes.

Connaissez l’histoire de cet homme célèbre qui lors d’une manifestation pour défendre les sans-papiers, a soudain compris qu’il fallait manifester en fait pour que plus personne n’ait de papiers ?

Connaissez-vous l’histoire de ce pilote, qui même en amateur se prend à rêver quand il est là-haut aux commandes de son petit coucou, qu’il est libre et peu s’affranchir des limites de l’espace et du temps, de l’apesanteur (les frontières sont une pesanteur), des frontières naturelles bien sûr (montagnes, embouteillages, …) et aussi des contraintes de travail, de tracasseries administratives, … mais il lui faut atterrir !

Connaissez-vous ce texte ? « Le père redoute ses enfants. Le fils s’estime l’égal de son père et n’a pour ses parents, ni respect ni crainte. Ce qu’il veut c’est être libre. Le professeur a peur de ses élèves. Les élèves couvrent d’insultes le professeur. Les jeunes veulent tout de suite la place des ainés ; les ainés, pour ne pas paraître retardataires ou despotiques, consentent à cette démission. Et, couronnant le tout, au nom de la liberté et de l’égalité, l’affranchissement des sexes… etc » s’agit-il en quelques lignes de dénoncer des faits de notre époque… Que nenni. Cet écrit a près de 2.400 ans ; son auteur n’est autre que PLATON (La République, livre VIII). Qui a dit que le monde change ? Que les Hommes changent ? Le temps est-il une frontière ?

Connaissez-vous l’histoire oubliée des camps de réfugiés européens au Moyen Orient ? Cette initiative (la MERRA)  du Royaume Uni, en 1942, qui a permis à 40.000 réfugiés européens de trouver de la place dans des camps en Égypte, Palestine et Syrie (eh oui, la roue tourne !) ?

Connaissez-vous cette partie de notre histoire camouflée, sur les tirailleurs sénégalais qu’on a utilisés comme boucliers en 39/45, puis qu’on a retiré précipitamment du front au moment d’afficher la victoire ? Des noirs sur une photo ça aurait fait désordre !

Connaissez-vous l’histoire de ce candidat à la présidence du pays dit le plus puissant sur notre planète, qui veut l’entourer de murs !!! Quelle folie !!! Quelle fragilité !!! Quelle preuve aussi de l’incapacité des hommes à tirer les leçons des expériences de l’histoire, même récente ?

Connaissez-vous l’histoire de ce journal qui depuis des décennies donnait rendez-vous à ses lecteurs, et qui aujourd’hui doit comprendre que c’est le lecteur qui viendra chercher l’information dont il a besoin, quand il en a besoin, et de plus en plus par des moyens autres que le journal-papier ?

Ces quelques histoires, en ordre décousu, résument la complexité des frontières et des formes qu’elles peuvent prendre.

Après ces questions, quelques réflexions impertinentes !

Il y a déjà bien longtemps j’avais un rêve. A un démarcheur téléphonique qui me demandait quelles langues je voulais apprendre, je répondais que j’aimerais faire le tour du monde en comprenant tous ceux que je croiserais et en étant compris de tous.

Et puis voilà qu’aujourd’hui j’ai le sentiment que plus j’avance en âge et plus des murs se lèvent. Comme si des zones entières du monde voulaient ressembler à des forteresses, à des espèces de colonnes dans lesquelles on ne peut rentrer que par le haut. On n’y accède que parce qu’on est considéré comme important par ceux qui sont à l’intérieur. Et selon les zones, cette importance est liée à des raisons très différentes, parce qu’on détient un savoir, ou de l’argent, ou un projet, ou encore une couleur de peau, ou simplement on a une envie commune (comme de lutter contre, de se servir d’une kalachnikov !).

S’il n’y avait pas de frontières, y aurait-il des opprimés ?

Je suis effaré de voir la tournure que prennent nos sociétés dites civilisées, vis à vis de tout ce qui les dérange dans leur confort matériel et leur volonté d’ignorer ces gens qui souffrent de faim, de guerres, de famine, de l’évolution du climat, ou même de ne plus savoir comment vivre de ses savoir-faire et de son travail ? Pourquoi quand ils s’approchent de chez nous, est-ce qu’on les présente toujours comme des hordes de miséreux chez qui on ne voit que les manques et les risques potentiels ? Jamais on ne nous parle de ce qu’ils apportent, de leurs richesses, humaines en particulier.

Et si on se remettait en mémoire qu’au XVIIIème siècle près de 12% de la population européenne a émigré vers les Amériques, pour fuir la pauvreté. Ont-ils fait si mal aux Amériques ? Et souvenez-vous qu’il n’y a pas si longtemps les réfugiés c’étaient nous. Sur la route pour fuir les horreurs de la guerre. Notre rejet collectif des réfugiés d’aujourd’hui est-il l’expression du reproche qu’on leur fait de nous rappeler à de douloureux souvenirs ? Ou la bêtise de croire que ça ne peut plus arriver ?

En 2015 les migrants représentent 3% de la population mondiale. Et pour la majorité ne migrent pas plus loin que les pays voisins du leur. Pourtant on n’en a jamais eu aussi peur. L’Europe se crispe et sort les barbelés !

Notons que dans le même temps des tiroirs caisses se remplissent. Pour des exilés, fuir c’est d’abord rester vivant. Les passeurs s’en donnent à cœur joie. 700 à 2.000€ pour traverser la Méditerranée, avec supplément pour un gilet de sauvetage ou un coup de téléphone. A Calais on vend des places VIP à 20.000 € pour passer en Angleterre installé en cabine avec le conducteur du camion, et avec une seconde chance en cas d’échec la première fois. Ainsi depuis l’an 2000 les populations déplacées auraient payé 15,7 milliard d’euros pour atteindre l’Europe ! Et 22.000 morts en méditerranée…

Travail, réfugiés, … N’y a-t-il pas finalement que ceux qui sont au chaud qui ferment la porte pour y rester ? Le reportage conclut :  » Fermer la porte ne résout pas le problème… ça ne fait que laisser du sang sur la poignée ! ». Au fait que dit-on ? Réfugiés ? Migrants ? Déplacés ? Apatrides ? Demandeurs d’asiles ? Peu importe, dans tous les cas il s’agit de survivre.

Se pose-t-on quelquefois la question de savoir ce qui pourrait, pour chacun d’entre nous, nous amener à tout laisser, et quitter notre pays, abandonner notre maison et notre terre, pour des contrées inconnues, dont on ne parle même pas la langue, dont on n’a pas de passeport ou visa, où on n’a aucune adresse ; juste parce qu’on croit et espère qu’on y sera mieux que chez nous ? Pourquoi ?

Un fou qui veut empêcher ces migrants de rentrer chez lui, qui souhaite construire des murs en béton le long du pays d’à côté, est-il moins criminel qu’un porteur de kalachnikov ? Et comment pourrait-il le faire s’il n’était soutenu par autant d’électeurs ? Un acte d’une telle ampleur ne peut donc être que la somme de volontés et complicités individuelles. Mais sommes-nous moins innocents quand nous-mêmes sommes les premiers à construire des murs, avec nos voisins, avec des gens qui ne pensent pas comme nous, avec ceux qui ont une apparence physique différente, entre des intellectuels et des manuels, avec ceux dont on imagine qu’ils pourraient nous prendre notre pouvoir au travail… a priori moins grave que tuer, quoique quand on observe le nombre de suicides générés par un mal-être au travail par exemple, on peut s’interroger !

La médiatisation à outrance et anxiogène de certains événements, dès qu’ils impliquent des « étrangers » ou des « explosions », n’est-elle pas commanditée en vue de justifier d’une politique de plus en plus sécuritaire ?

Pourquoi, interroge le philosophe Alain DENEAULT, laisser la médiocratie prendre le pouvoir ? la médiocratie, est selon lui, cette révolution anesthésiante qui nous invite à nous situer toujours au centre, à penser mou, à mettre nos convictions dans notre poche de manière à devenir des êtres interchangeables, faciles à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l’ordre économique et social… Restons chacun dans notre case !

Pourquoi, à chaque fois que des portes s’ouvrent, y-a-t-il toujours autant de résistances et de volontés qui s’affirment à vouloir les refermer et même en créer de nouvelles ? Est-ce la nature de l’homme ?

Quand j’étais gamin, à l’école, j’avais appris que je vivais dans le pays des Droits de l’Homme, et je me souviens de quelque chose qui disait : Liberté, Égalité, Fraternité. C’est passé où tout ça ?

Alors je me suis demandé : les frontières sont-elles l’expression de maladies mentales ?

Et des maladies qui évoluent avec l’âge, au fur et à mesure qu’on se forge, paraît-il, notre identité et ses perceptions associées. Ou qu’on s’y enferme, le propre d’une maladie mentale ! Après tout, nous avons une carte d’identité comme nous avons une carte vitale. Ou inversement !

Un enfant joue avec tout autre enfant. Un adulte lui, est rapidement freiné par une apparence, une tenue vestimentaire, une couleur de peau, un langage, un niveau financier, un métier, un type de logement, …etc… Tiens, la frontière s’apprend ! Et chaque génération contamine la suivante. Puis plus il vieillit, plus l’adulte devient méfiant, attaché voire obsédé par la sécurité, de plus en plus peureux jusqu’au ridicule de s’enfermer tout seul dans un pays dit libre !

Mais pourquoi donc l’autre n’est-il pas comme moi ? « Je suis Charlie. Et toi ?  Barbare ? Monstre ? Fou ? Sauvage ? »

Et comme rappelé par un colloque de sociologie (Genève 2015) « Portée par l’émotion, la tentation de la diabolisation est grande et fréquente. Et rapidement elle empêche toute réflexion : nous n’avons pas les mêmes valeurs, la même vision de l’histoire, le même sens de la culture (destruction de musées), le même rapport à la vie à la mort (décapitations, suicides) ! Et nous voilà incapables de nous mettre à la place de l’autre. »

Des voix quelquefois s’élèvent pour essayer de comprendre et se poser des questions telles que : « Mais que leur avons-nous fait pour qu’ils nous haïssent au point de vouloir nous massacrer, et en même temps d’y laisser leur vie ? ». Quelles images et quelles informations avaient-ils de nous ? Et quelles images et informations avons-nous réellement de leurs familles qui reçoivent les bombes de nos avions ?

Ces voix sont peu entendues. L’incapacité à se mettre à la place de l’autre domine. Chacun tient à son identité, et envisager seulement une seconde que l’autre a peut-être de bonnes raisons d’agir ainsi, génère le doute, le stress, la peur et donc l’incapacité à comprendre l’autre, voire entraîne dans une quête de la pureté et donc des extrêmes (beurk l’autre !). « D’où conflit identitaire qui génère un engrenage de haine, de vendetta, et rend la paix impossible ». Exemple type qu’on peut tous observer, entre Israël et Palestine.

Mais cette barrière identitaire, n’est-ce pas ce que l’on retrouve aussi quelquefois, excusez la comparaison, dans une famille entre héritiers, ou entre voisins dans un quartier, ou entre collègues dans une entreprise ?… Souvent incompréhensible quand on arrive détaché de l’histoire de leurs relations et de leurs passions ! Et pas toujours facile à vivre car on veut forcément nous mettre dans une case, d’un côté ou l’autre de la frontière identitaire. On veut nous contraindre à prendre parti, alors même qu’il n’y a rien à prendre, ou tout à prendre !

 ET SI j’étais Président ?

En ces périodes pré-électorales, je me suis pris à rêver que je proposais un programme destiné sinon à annihiler les frontières, tout au moins en adoucir les effets ou les conséquences négatives. Alors si vous me demandez quoi faire, je répondrais :

Tout d’abord que ma philosophie reposera sur le fait que « La planète Terre est à ce jour la seule oasis de vie que nous connaissons au sein d’un immense désert sidéral. En prendre soin, respecter son intégrité physique et biologique, tirer parti de ses ressources avec modération, y instaurer la paix et la solidarité entre les humains, dans le respect de toute forme de vie, est le projet le plus réaliste, le plus magnifique qui soit. » (Pierre RAHBI)

Je rappellerais l’importance de montrer l’exemple chez nous et par nous. Le monde ne change que parce que ceux qui le constituent changent. Le résultat global ou collectif n’est que la somme des comportements individuels.

« Indignez-vous », pour reprendre le message de Stéphane HESSEL, serait le premier point de mon programme. Refusez les injustices. Résistez au « toujours plus », toujours plus d’argent qui amplifie les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres ; toujours plus de violence qui donne naissance à de nouvelles formes de violences sans résoudre les anciennes ; toujours plus de pouvoir qui le concentre entre les mains de moins en moins de personnes, et qui fait par exemple que nous avons une presse de moins en moins libre etc. Votre indignation doit être visible, par vos attitudes et comportements, par vos écrits publics, par vos réactions aux conversations que vous entendez, par vos refus d’accepter certaines exigences de votre voisin, de votre responsable hiérarchique, de la loi votée par une caste dominante quand elle n’est pas dans l’intérêt du collectif etc.

En fait j’imposerais comme loi de base LE RESPECT. Le respect de soi-même, le respect des autres, le respect de son environnement. Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, me paraît être une loi qui pourrait être universelle. Trop simple peut-être ?

Le Dalaï Lama parle de la règle des 3R :

. Respect de soi, la confiance est la clé de la réussite et si une personne ne se respecte pas vous ne pouvez pas avoir confiance en elle ;

. Respect des autres, aussi pour être respecté en retour ;

. Responsabilités pour toutes vos actions, vous êtes seul responsable de vos sentiments, de vos actions, de votre réussite, etc… Vous contrôlez totalement votre vie, il ne faut pas essayer de blâmer les autres pour ses erreurs et ses malheurs.

J’adopterais facilement deux autres règles de ce même Dalaï Lama :

« 1) Apprenez les règles pour savoir comment les transgresser correctement. Les règles sont faites pour être transgressées. La plupart d’entre elles sont mises en place par les anciens établishments corrompus qui ne cherchent qu’à asservir et maintenir leur propre pouvoir… Faites le correctement pour éviter les répressions… si l’autorité n’avait jamais été remise en question, nous serions une civilisation stagnante !

2) Ouvrez vos bras au changement, mais ne laissez pas s’envoler vos valeurs. Le monde est en constante évolution. Si vous n’êtes pas ouvert au changement, alors vous serez malheureux. Vous allez vous-mêmes changer, mais cela ne veut pas dire que vos valeurs doivent changer aussi. Accueillez les nouveaux lieux, les nouveaux visages, les nouveaux amours, mais ne changez jamais ces parties importantes de vous-mêmes, sauf si vous avez de bonnes raisons de penser que vous aviez tort d’y croire. »

Faire tomber les murs de l’ignorance. Un des moyens majeurs que je connaisse pour cela c’est voyager. D’abord en allant à la rencontre des autres, en commençant par ses voisins, le plus sûr pour vraiment découvrir ; et aussi par l’enseignement, la lecture.

Un constat s’impose : dans le monde entier, même s’ils ne l’expriment pas tous de la même manière, les hommes et les femmes ont les mêmes aspirations au bonheur, à voir leurs enfants heureux, à manger à leur faim, les mêmes craintes devant ce grand voyage qu’on appelle la mort qui leur font inventer tout un tas de cérémonies et de rites pour les conjurer, …etc… Seule une petite minorité vient tout gâcher en voulant dominer, imposer ses points de vue et son autorité…

C’est aussi faire de la pédagogie, expliquer, montrer…  Pas facile à l’ère du scoop, de la vitesse et du sensationnel, d’accepter de prendre pour les uns le temps d’expliquer, et pour les autres le temps d’écouter. La pédagogie peut être simple, exemple : comme le dit un proverbe africain : Blanc, noir, jaune, rouge, petit, grand, femme, homme, …etc… tous, quelles que soient nos différences, nous avons un petit coin qui sent mauvais !

Reprendre et faire tomber un à un tous ces arguments construits sur du sable, mais qui pourtant ont la vie dure (exemple : nous faire croire que les frontières sont nécessaires, sinon les méchants vont nous attaquer… En oubliant que les pires c’est peut-être nous ! et comment prêter des intentions à d’autres si on ne les a pas nous-mêmes vis à vis d’eux ?). Dur et très long détricotage !

Je suggère une pression sur les médias pour qu’enfin ils cessent de passer leur temps à nous faire du sensationnel, de l’image, du superlatif, sans qu’on sache vraiment le fonds de l’événement ! et qu’ils décident de nous informer, clairement, sobrement, sincèrement. Qu’ils nous montrent notamment chez l’autre ce qu’il apporte, plutôt que montrer ce qu’il me prend. Je leur rappellerai que toute vie d’homme est égale à celle d’un autre homme. Finies les distinctions faites dans les informations entre « les français » et les autres !

J’instaurerais chaque semaine, une journée sans télévision, et une journée avec seulement des nouvelles positives. Sorte de cure de désintoxication de cet outil destiné d’abord à vider les cerveaux pour les remplir de publicités ou de messages du pouvoir dominant (qu’il soit politique ou mercantile selon les régions du monde).

Je donnerais accès à l’électricité à tous de par le monde. Que chacun ait accès à la communication avec tout que permet internet et les réseaux sociaux. Voyager, S’instruire sur tout et partout, même sans bouger de chez soi. Un bon canal pour élargir les horizons, et prendre conscience que le monde est fait de diversités. Cet outil qui permettrait de réduire des fractures et aussi par exemple d’installer une vraie démocratie participative ! A ce jour, il faut pour cela de l’électricité.

À l’inverse de nos candidats politiques en vue aujourd’hui, presque tous malades mentaux à force de paraître plutôt que Être, j’encouragerais l’ouverture et la tolérance.

Et je mettrais en avant les initiatives propres à débloquer les problèmes de différences et de cloisonnements. Les solutions viendront de la base, de ceux qui connaissent, sont concernés, proches, des réalités à résoudre. Jamais du haut, des hommes de pouvoir, tellement éloignés de la vraie vie ! Dernier exemple que j’ai rencontré : l’association « Le goût des autres » ; une association nantaise qui réunit des femmes qui ont fui, souvent avec leur famille, leur pays pour causes de violences, de conflits, de menaces, et leur redonne goût à la vie par la cuisine : découverte, connaissance, diffusion des cultures au travers de leurs pratiques culinaires.  (actuellement 25 cuisinières de 16 pays différents). Merveilleux. www.legoutdesautres.org

J’agirais sur le langage, canal majeur pour passer de la méfiance à la curiosité. Par exemple, « Étranger », source de méfiance, disparaîtrait pour laisser place à « Inconnu » qui génère la curiosité.

Comme l’a suggéré Madame Shirin EBADI ; une avocate iranienne, prix Nobel de la Paix en 2003 ; je parachuterai des livres, plutôt que larguer des bombes qui ne font que renforcer les tensions et détruisent le peu qui permettrait de rester humain. Un peu de lumière de culture dans la nuit de l’ignorance !

Et bien sûr se regarder et sourire. Le sourire devrait être le bonjour universel. Le sourire et le rire font tomber quasiment toutes les barrières. Ils viennent naturellement par le regard.

Il y a vingt ans, le psychologue américain Arthur ARON démontrait qu’un rapprochement s’opérait entre deux inconnus s’ils se regardaient quatre minutes dans les yeux. Partant de là, Amnesty International a réalisé un film d’expérimentation pour rappeler, particulièrement en ces temps qui semblent dominés par les conflits et la division, que voir le monde à travers les yeux d’une autre personne est toujours bénéfique. Ce film “Look Beyond Borders”, produit à Berlin, part d’une rencontre symbolique d’Européens avec des réfugiés pour devenir une métaphore universelle… il a ainsi été possible de montrer qu’une rencontre entre des gens qui sont en théorie étrangers l’un à l’autre et issus de cultures différentes, peut devenir particulière et profondément inspirante.

Les frontières existent entre les pays, pas entre les êtres humains.

4 minutes pour se regarder, se taire, et accueillir l’autre. Et prendre le temps d’identifier, peut-être même d’aimer ce que nous apprécions en lui, avant de le classer au regard d’une provenance, d’une couleur de peau, d’une religion, d’un âge, de son sexe, de son portefeuille,  … le sourire arrive naturellement…

Bon j’ai encore d’autres idées, mais l’heure tourne. Je vous en promets la primeur quand je serai élu. Notamment sur les cassures qui concernent le monde du travail. Allez oui, un jour je serai Président du Monde. Le président le plus utopique et naïf qui soit. Et dont on dira dans l’histoire future qu’il ne savait pas que c’était impossible alors il l’a fait. Et oui, je vous les aurai fait tomber moi toutes ces frontières… en toute modestie bien sûr !

Bertrand Bernicot, Président de Vivre en paix ensemble